« Les Contes du pommier » à la Berlinale : un film tchèque partiellement tourné en France fait sensation

« Les Contes du pommier » à la Berlinale : genèse d’un film tchèque partiellement tourné en France

La nouvelle a circulé rapidement dans les couloirs du festival : Les Contes du pommier fait partie de la sélection présentée à la Berlinale dans la section destinée au jeune public. Le projet, né d’une collaboration entre plusieurs pays d’Europe centrale, a bénéficié d’un volet de production réalisé en France, offrant un mélange singulier d’influences et de savoir-faire.

Le récit principal met en scène trois enfants qui passent un week-end chez leur grand-père peu après le décès de la grand-mère. La plus jeune, Suzanne, s’improvise conteuse et se sert d’un mot-clé pour inventer des récits qui deviennent autant de courts-métrages autonomes. Chaque segment a été confié à une équipe différente, installée dans son pays d’origine.

  • Origine littéraire : adaptation des contes d’Arnošt Goldflam.
  • Technique : animation en stop-motion, marionnettes image par image.
  • Structure : film composite formé de courts reliés par un dernier segment qui fait le lien narratif.

Le montage collectif a exigé une coordination méticuleuse. Les segments tchèques, slovènes et slovaques étaient déjà bien avancés lorsque la production a appelé le réalisateur qui devait composer la pièce de liaison. Il a dû relier les trois univers sans altérer le travail des autres équipes, une tâche qui illustre les défis de la coproduction franco-tchèque et du cinéma en réseau.

Plusieurs éléments concrets expliquent pourquoi la dimension française compte : un studio rennais impliqué, des équipes techniques locales, et des ressources matérielles pour la stop-motion qui sont rares et précieuses. La présence de production française n’est pas seulement administrative ; elle s’incarne dans des décors, des accessoires et des ateliers d’animation.

  • Ateliers en France pour la fabrication des marionnettes.
  • Postproduction assurée partiellement sur le territoire français.
  • Soutiens locaux et coproductions qui renforcent la visibilité européenne du film.

Le fil conducteur imaginé pour expliquer le passage entre récits s’appuie sur des objets familiers : une lanterne, des photos, des pommes ou des trognons. Ces objets, hérités du livre, deviennent des relais narratifs et visuels. Ils fonctionnent comme des marqueurs identitaires dans le montage final.

Ce premier angle de lecture montre les enjeux de la collaboration transnationale et situe immédiatement le film dans le paysage du cinéma européen. C’est un cas d’école où la notion de film tchèque se transforme en projet partagé, enrichi par des apports français. Insight final : la coproduction transforme l’identité d’un film, et le rend à la fois local et universel.

Technique et artisanat : le stop-motion au service d’un drame cinématographique enfantin

La stop-motion impose un rythme lent et une précision extrême. Chaque mouvement se construit image par image. Ce travail artisanal confère au film un toucher visuel particulier. Il y a une chaleur palpable dans la matière des marionnettes et des décors.

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Les artisans ont dû concilier des besoins narratifs variés. Trois courts-métrages, autant de tonalités. L’un évoque la peur d’abandon, l’autre la rencontre avec un monstre forestier, le dernier explore le souvenir et la consolation. Ces variations exigent une palette expressive poussée, trouvée grâce à la stop-motion.

  • Matériaux : feutrine, tissu, métal, papier mâché.
  • Techniques : animation image par image, étalonnage soigné, mixage sonore immersif.
  • Équipes : artisans de plusieurs pays coordonnés par la production centrale.

La dimension artisanale favorise l’émotion : les choix de texture et de lumière influent sur la lecture du deuil. L’utilisation d’objets inutiles, transformés en symboles, renforce ce propos. Ces objets, hérités de l’œuvre d’Arnošt Goldflam, apparaissent comme des instruments de guérison.

Un exemple concret : la lanterne magique qui ouvre le dernier segment. Elle contient des photos et des images animées qui font dialoguer présent et passé. Les artisans ont fabriqué la lanterne pour qu’elle puisse projeter des silhouettes réelles, mêlant animation et images fixes. Le résultat crée une impression de mémoire tangible.

  • La lanterne comme pont entre les trois récits.
  • Les photos comme forces d’acceptation du deuil.
  • Les trognons de pomme comme symboles de résilience.

Cette section met aussi en lumière la manière dont le cinéma indépendant entretient des savoir-faire rares. Les productions de ce type préservent des métiers qui s’effacent parfois devant la numérisation. Le cas de ce film illustre la valeur patrimoniale et créative du travail manuel.

Enfin, la technique sert le ton : le film trouve un équilibre entre gravité et féerie. La mécanique du mouvement supporte le propos du drame cinématographique sans l’alourdir. Insight final : l’artisanat de la stop-motion transforme le deuil en poésie visuelle, rendant tangible l’impalpable.

Arnošt Goldflam et l’adaptation : objets inutiles, récits magiques et acceptation du deuil

L’œuvre source, un recueil d’Arnošt Goldflam, donne au film un socle littéraire fort. Dans son livre, des objets apparemment inutiles prennent une valeur symbolique. Ils deviennent des catalyseurs d’espoir. L’adaptation reprend cette logique et la transpose en images animées.

Les trois courts directement adaptés puisent dans les thèmes du recueil : solitude, peur, résilience. Les objets deviennent personnages secondaires, puis supports de réconciliation. La question centrale reste : comment transformer une perte en lien durable ?

  • Thème 1 : peur de l’abandon — le petit Tom et son rapport à l’objet de transition.
  • Thème 2 : affrontement de la peur — la bête de la forêt et un trognon comme talisman.
  • Thème 3 : mémoire et consolation — la lanterne et les photographies familiales.

La traduction littérale n’aurait pas suffi. Les équipes ont choisi des métaphores visuelles pour préserver l’esprit du livre. Par exemple, un objet « inutile » devient une machine à souvenirs. Sa manipulation par les enfants crée des scènes de partage, où le non-dits se verbalise par le jeu.

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Un point saillant : le traitement du deuil, rare dans le cinéma jeunesse. Le film aborde la mort sans la dramatiser, et sans la mettre hors champ. Il propose des rituels simples — raconter, montrer des photos, allumer une lanterne — comme outils d’apaisement. Ces scènes résonnent chez les plus jeunes comme chez les adultes.

  • Rituel narratif : raconter pour se relier.
  • Rituel matériel : manipulation d’objets pour nommer l’absence.
  • Rituel collectif : partage familial pour créer du sens.

La fidélité au livre est intelligemment tempérée par l’invention. Le segment final, non tiré textuellement de l’œuvre, joue le rôle de liant narratif. Il montre comment le souvenir d’un être aimé peut se transformer en force de vie. Insight final : l’adaptation fait des objets inutiles des instruments de guérison et de transmission.

Présentations en festival : de la Berlinale à Zlín, une trajectoire pour le public jeune

La programmation dans la section dédiée au jeune public propulse le film au-devant d’un public international. La Berlinale, avec sa visibilité mondiale, offre une première rampe de lancement. Dans la pratique, la présence à Berlin signifie rencontres professionnelles, projections presse et expositions spécifiques.

Le film sera projeté dans la semaine du festival, positionné parmi d’autres œuvres d’animation d’excellence. La sélection facilite les échanges entre réalisateurs et distributeurs. Elle encourage aussi les discussions autour de sujets sensibles traités pour les enfants.

  • Opportunités : ventes internationales, festivals jeunesse, diffusion éducative.
  • Visibilité : presse spécialisée, réseaux de festivals, plateformes de films pour enfants.
  • Réseautage : rencontres avec programmateurs et producteurs.

Outre la Berlinale, le film trouve son chemin vers d’autres festivals européens, comme Zlín, festival traditionnel de cinéma pour l’enfance et la jeunesse. Ces étapes permettent un parcours festivalier cohérent, où la réception critique et publique se construit progressivement.

Pour le jeune public, les festivals représentent des moments d’initiation. Voir un film en salle, entouré d’autres enfants, crée une expérience partagée. Les thématiques du film — créativité, deuil, souvenirs — résonnent alors différemment que dans un visionnage domestique.

  • Projection jeune public avec ateliers pédagogiques.
  • Rencontre d’auteurs et sessions Q&A adaptées aux enfants.
  • Activités autour de la création d’objets symboliques.

La trajectoire festivalière sert aussi l’écosystème du cinéma indépendant. Elle met en valeur des modes de production alternatifs et des récits moins commerciaux. La présence à Berlin indique une forme de reconnaissance et ouvre la porte à des circuits de diffusion plus larges.

Enfin, la projection en festival est une première réelle : la rencontre du public et des images. C’est le moment où la fiction devient expérience collective. Insight final : la Berlinale et les festivals suivants transforment une production fragile en phénomène culturel rassemblant familles et professionnels.

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Impact et place dans le cinéma européen : transmission, éducation et futur des contes animés

Ce projet incarne une tendance forte du cinéma européen : raconter le monde par des récits hybrides, sensibles et ancrés dans des traditions locales. Le film dialogue avec d’autres œuvres qui adaptent des livres pour enfants, et il renouvelle la manière d’aborder des thèmes adultes en direction du jeune public.

La présence d’un studio rennais et d’une équipe internationale illustre la vitalité des coproductions. Elles multiplient les perspectives et permettent des économies d’échelle. Elles favorisent aussi la diffusion à l’échelle continentale, essentielle pour un film tchèque souhaitant toucher un public francophone.

  • Éducation : utilisation en milieu scolaire pour aborder le deuil et la mémoire.
  • Transmission : ateliers de stop-motion pour enfants inspirés du film.
  • Héritage : préservation de techniques artisanales et partage de savoir-faire.

Plusieurs initiatives culturelles peuvent s’appuyer sur le film comme point de départ : ateliers de contes, résidences artistiques pour jeunes créateurs, parcours pédagogiques sur le deuil et la création. Ces usages soulignent la valeur éducative du cinéma pour enfants lorsqu’il ose traiter des sujets denses.

Des ressources thématiques en ligne accompagnent souvent ce type de diffusion. On y retrouve des réflexions sur l’adaptation de livres pour la scène cinématographique, des retours d’expérience de festivals et des podcasts qui analysent l’esthétique des contes. Ces supports prolongent la vie du film au-delà des salles.

  • Programmes éducatifs et fiches pédagogiques liés au film.
  • Partenariats avec bibliothèques et centres culturels pour projections-débats.
  • Séances spéciales en festival avec médiation pour enfants et parents.

Le parcours de Les Contes du pommier dans le paysage du cinéma en 2025 montre l’importance des récits collectifs et de la coopération européenne. En intégrant des techniques traditionnelles et une narration délicate, le film participe à une vitalité créative qui doit être soutenue. Insight final : la force d’un conte animé tient à sa capacité à unir artisanat, émotion et transmission intergénérationnelle.

Pour prolonger la réflexion, des lectures et ressources complémentaires sur l’adaptation des contes ou la manière dont les films pour la jeunesse traitent des thèmes lourds enrichissent la découverte. Parmi ces ressources, des articles et dossiers thématiques proposent des analyses et des exemples pratiques, utiles pour enseignants et programmateurs.